Rejoins-nous !

Critique : DogMan (2023) – le retour de Besson

Dogman est un drame d’action français, sorti le 27 septembre 2023 au cinéma, écrit, produit et réalisé par Luc Besson.
Sommaire

C’est quoi le synopsis de DogMan ?

Douglas (incarné par Caleb Landry Jones), alias DogMan, conte ses mésaventures à une psychiatre. Il évoque son enfance avec un père violent qui l’a enfermé en cage avec des chiens. Il narre ses premières pulsions amoureuses et sa passion pour Shakespear. En bref, il nous guide dans sa tortueuse vie pour comprendre comment DogMan, le marginal et meurtrier, est né.

Alors, c’est bien DogMan ?

Oui, ça fait plaisir de revoir Besson dans ses beaux jours. Après le mitigé Valérian (2017) et le catastrophique Arthur Malédiction (2022), Luc Besson nous avait proposé Anna (2019) et revient en force avec DogMan. Ce film replonge dans les débuts de l’auteur : Nikita (1990) et Léon (1994).

Les points forts de DogMan

DogMan brille par sa narration. Il use d’un principe simple : le protagoniste raconte son histoire, à l’image d’Usual Suspect (1995) et Imitation Game (2014). C’est au travers du regard de Douglas que nous allons assister à sa descente aux enfers et ses (rares) moments heureux : sa misanthropie et son amour pour les chiens, sa sensibilité pour le théâtre et la mise en scène, son penchant drag-queen, etc. Besson use à plusieurs reprises du fusil de Tchekhov pour justifier son storytelling. Certaines scènes peuvent paraître grotesques : les prestations au cabaret, l’enquête de l’assureur et l’attaque de la mafia. C’est DogMan qui nous conte ses (més)aventures, pas le réalisateur. Il fait ce qu’il veut. Il romantise à l’image de Shakespear : avoir la même voix qu’Edith Piaf, l’assureur qui connaît son destin mais plonge dans l’abîme, les mafieux qui meurent de façons humiliantes et ridicules. Le protagoniste est à la fois le personnage principal et le réalisateur. Caleb Landry Jones nous livre une superbe prestation, en étant très humain et excentrique.

L’histoire en elle-même semble à la fois anodine et fantastique. On peut croire à cette vie : celle de l’enfance terrible, des premiers amours, de la recherche d’identité. Parfois, on a l’impression de revoir Pulp Fiction (1994). On peut se prendre des balles, être blessés, subir un enchaînement d’événements alarmants mais réalistes, et avoir de véritables discussions sur le quotidien. La touche de spiritualité de DogMan, à l’image de Samuel L. Jackson, nous l’assimile à un humain comme les autres. Il n’a juste pas eu beaucoup de chance : maltraitance, handicap physique, difficulté à être accepté de l’autre, la complexité de trouver un travail, etc. “Je crois en Dieu, mais est-ce que Dieu croit en moi ?” Il y a ce brin de folie qui vient illuminer les ténèbres : les chiens. Ce sont des personnages à part entière. Ils agissent presque comme des humains : “ils ont les qualités des Hommes, sans leurs défauts”. C’est un véritable gang que Douglas a fondé. Les chiens errants sont “les enfants perdus” et le maître est Peter Pan : excentrique, marginal, fou. Les canidés apportent une dose d’empathie par leur apparence et leurs actions, là où des acteurs humains n’auraient pas forcément réussi à nous toucher avec des mots. Cette particularité ajoute un point d’originalité dans les séquences de vols et d’agressions. 

La psy (incarnée par Jonica T. Gibbs) qui nous est présentée aurait pu être n’importe qui. Le hasard a fait qu’elle était prête à entendre l’histoire de Douglas, par son vécu semblable. A l’inverse de Douglas, elle a su affronter les malheurs et remonter la pente. Deux vies douloureuses qui ont abouti à deux routes bien distinctes. Elle n’est pas là pour juger ou prendre partie. Elle est seulement là pour écouter le témoignage d’un homme qui connaît son destin. 

Les points faibles de DogMan

DogMan aurait gagné à s’enfoncer davantage dans son concept. Le protagoniste aspire à être très shakespearien. Besson aurait pu nous offrir de véritables tableaux de la renaissance, en jouant avec l’espace, les couleurs et la lumière. C’est un film qui mérite que l’on joue avec une colorimétrie chaude, pour aspirer à l’empathie, et froide, afin de créer un malaise, un décalage, un rappel à la réalité. DogMan est Tout public. Il aurait pu instaurer quelques scènes de violences bien placées pour appuyer ses propos et sa mise en scène, en grappillant un déconseillé au moins de 12 ans.

La dernière séquence d’action nous perd spatialement. Le montage et le rythme sont saccadés. On a du mal à se projeter dans la scène de violence. On dirait juste que chacun est dans une pièce et attend de mourir. 

Enfin, DogMan essaie de transmettre un message politique sur la redistribution. Ça semble assez hors sujet compte tenu de l’aversion des Hommes du protagoniste. C’est plutôt bancal, mais comme dit plus haut, Douglas nous raconte son histoire et la justifie comme il le souhaite.

Tu aimes l’article ? Découvre d’autres films français :

DogMan Affiche

Bilan de DogMan

Résultat satisfaisant. Le film coche toutes les cases pour être un succès. C’est un bon retour de Besson. Il aurait gagné à être encore plus en travaillant davantage la mise en scène et les couleurs, pour devenir un nouveau Joker (2019).

Quelques articles populaires

Critique : Kinds of Kindness (2024) – l’Amour est cruel et aliénant

Kinds of Kindness est une comédie noire, sortie le 26 juin 2024, réalisé par Yorgos Lanthimos.
Read More
Critique : Kinds of Kindness (2024) – l’Amour est cruel et aliénant

Critique : Vice-Versa 2 (2024) – la puberté frappe comme un missile

Vice-Versa est un film d’animation Pixar, sorti le 19 juin 2024 au cinéma, réalisé par Kelsey Mann.
Read More
Critique : Vice-Versa 2 (2024) – la puberté frappe comme un missile

Critique : Tehachapi (2024) – au cœur d’une prison américaine

Tehachapi est un documentaire français, sorti le 12 juin 2024 au cinéma, réalisé par JR.
Read More
Critique : Tehachapi (2024) – au cœur d’une prison américaine

Critique : Love Lies Bleeding (2024) – un Thriller endiablé

Love Lies Bleeding est un thriller américano-britannique, sorti le 12 juin 2024 au cinéma, réalisé par Rose Glass.
Read More
Critique : Love Lies Bleeding (2024) – un Thriller endiablé

Critique : Tunnel to Summer (2024) – une Belle Animation

Tunnel to Summer est un film d’animation japonais, sorti le 5 juin 2024 au cinéma, réalisé par Tomohisa Taguchi.
Read More
Critique : Tunnel to Summer (2024) – une Belle Animation

Critique : Mad Max Furiosa (2024) – Ce n’est pas Fury Road

Furiosa : Une Saga Mad Max est un film post-apo, sorti le 22 mai 2024, réalisé par George Miller. Il...
Read More
Critique : Mad Max Furiosa (2024) – Ce n’est pas Fury Road

Critique : Comme un Lundi (2024) – Vivre dans la routine et le regret

Comme un Lundi est un film japonais, sorti le 8 mai au cinéma, réalisé par Ryo Takebayashi.
Read More
Critique : Comme un Lundi (2024) – Vivre dans la routine et le regret

Critique : le Deuxième Acte (2024) – le cinéma ne sert à rien ?

Le Deuxième Acte est une comédie, sortie le 14 mai au cinéma, réalisée par Quentin Dupieux.
Read More
Critique : le Deuxième Acte (2024) – le cinéma ne sert à rien ?

Marvel’s Midnight Suns – Avis 2024

Marvel’s Midnight Suns est un jeu de stratégie en tour par tour, développé par Firaxis Games, édité par 2k, sorti...
Read More
Marvel’s Midnight Suns – Avis 2024

🥩 BBQ Party Strasbourg – un Barbecue façon Street Food !

Éphémère Food est revenue avec un Barbecue Party le 4 et 5 mai 2024 Boulevard de la Marne à Strasbourg...
Read More
🥩 BBQ Party Strasbourg – un Barbecue façon Street Food !