C’est quoi le synopsis du livre des solutions ?
Marc (incarné par Pierre Niney) et son équipe ont pris la fuite vers un paisible village niché au cœur des Cévennes, où ils ont choisi de terminer le tournage de leur film dans la maison de sa tante Denise. N’écoutant que ses pulsions, Marc est pris dans un torrent d’idées et se lance dans la rédaction du “Livre des solutions”. Cet ouvrage devrait lui permettre de trouver réponse à tous ses problèmes.
Alors, c’est bien le livre des solutions ?
Oui, c’est très bien. Le livre des solutions rapproche l’humain et l’art du cinéma. Le film nous dresse un tableau de tout ce qui se passe dans la tête d’un réalisateur fou. Il est une allégorie de l’art cinématographique dans son état le plus brut. Il présente des points similaires avec Whiplash (2014) de Damien Chazzel.
L'anarchie et l'art du cinéma
Marc est fou. Le type est impulsif, hyperactif, hypersensible, lunatique et paranoïaque. Ce côté maladif vient bousculer son équipe de post-production. C’est notamment Charlotte (incarnée par Blanche Gardin) et Sylvia (incarnée par Frankie Wallach) qui encaissent les caprices du réalisateur. Ce dernier achète une maison délabrée, devient maire du village et réalise des courts-métrages. Les idées fusent, sont spontanées et doivent être assouvies. Pierre Niney suit ses envies, parfois bonnes, parfois mauvaises (voire très mauvaises).
On peut faire un parallèle avec Forrest Gump (1994) avec les voyages et les décisions complètement folles de Tom Hanks. Et comme dans Forrest Gump, Marc a de la chance. Il souhaite avoir un orchestre et Sting pour la BO de son film : il y arrive avec l’aide de Sylvia. Le réalisateur reste le chef d’équipe. Même s’il semble complètement à côté de la plaque, ses équipiers l’accompagnent : Charlotte monte le film à l’envers, sous les indications de son chef.
Cependant, les bizarreries et les accès de colère de Marc rendent folles Charlotte et Sylvia. Il y a de quoi quitter la scène : Marc refuse même de voir son propre film. C’est là qu’un merveilleux personnage intervient : Denise (incarnée par la superbe Françoise Lebrun). La tante de Marc est le véritable garde-fou de la psyché du réalisateur. Elle le ramène sur Terre plus d’une fois. Son neveu est mythomane et proie à des pertes de mémoire. Il se sent triste, manipulé, coupable et frustré. Le lien entre ses deux personnages est touchant (jusqu’à un moment de bascule qui vient horrifier le spectateur et Marc). Gabrielle prend le relais. Elle est le crush de Marc. Elle est également un peu folle, à part. Les deux se complètent bien.
Marc arrive à finir son film Chacun, tout le monde, avec l’aide de Charlotte et Sylvia. Ensemble, ils assistent à la première du film dans les salles obscures. Le long-métrage est un succès auprès des spectateurs. Son équipe est stupéfaite par les réactions. Marc a réussi son projet cinématographique. Sauf que le réalisateur n’est pas là pour voir les retours : il est déjà parti, enfoui dans son terrier. Pourquoi ? A-t-il peur de son film et des réactions ? Est-il atteint du syndrome de l’imposteur ? Avait-il une confiance aveugle en sa prouesse ? S’en fiche-t-il ? La réponse à cette question est peut-être plus profonde qu’on ne le pense.
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Le livre des solutions
Que vient faire cet ouvrage dans l’intrigue ? La rédaction de ce guide est induite par l’un des nombreux caprices de Marc.
Règle n°1 : Démarre ton projet (fais ce que tu veux). Le réalisateur se lance dans la réalisation d’un stop-motion, la fabrication d’une chaise et la rénovation d’une maison en ruine. Il atteint ses objectifs et enchaîne avec de nouvelles idées farfelues.
Règle n°2 : Apprends en faisant. C’est probablement la règle qui prend le plus son sens. Il y a la magnifique scène où Marc orchestre les musiciens par le biais d’une courte mélodie chantée par sa voix et son corps entier qui coordonne les instrumentistes. “L’échec est une solution pavée de problèmes. Le succès est un problème pavé de solutions.” Pour terminer et réussir son film, Marc est impliqué dans d’autres idées que son film lui-même.
Règle n°3 : N’écoute pas les autres. Le réalisateur est seul. Il sait où doit aller son film, même s’il ne travaille pas directement dessus. Les autres s’efforcent à lui dire que ses actions sont insensées. Lorsqu’il passe un palier, les autres avouent leur tort : personne ne pensait que Sting jouerait pour son film. Marc n’a jamais vu son film, mais sait ce qu’il sera : un chef-d’œuvre. Marc est fou, à part. Seul lui connaît l’issue de ses actions.
Alors pourquoi est-il parti ? Parce qu’il connaît déjà la réponse. Il s’est déjà lancé dans un autre projet fou. L’art n’a pas le temps de s’arrêter, il continue d’avancer.