C’est quoi le synopsis de Mars Express ?
Dans un futur proche, les terriens ont colonisé l’espace. Les humains et les machines collaborent ensemble dans cette nouvelle société sous l’égide des lois d’Asimov. Nous suivons la détective Aline Ruby (doublée par Léa Drucker) et son acolyte sauvegardé Carlos Rivera (doublé par Daniel Njo Lobé), dans la capitale martienne Noctis. Ils enquêtent sur la disparition de Jun Chow, une jeune prodige capable de donner le libre arbitre aux androïdes…
Alors, c’est bien Mars Express ?
Mars Express est excellent. Le film brille par trois aspects. D’abord, son esthétisme est soigné et nous immerge dans ce monde anti-utopique (≠ dystopique). On reconnaît la touche française qui rappelle les artistes du magazine Métal Hurlant. D’autres inspirations comme Blade Runner (1982) et Cowboy Bebop (1998) se font également ressentir. Le style visuel et l’animation se joignent au second point : la maturité. Mars Express est aussi un film noir. Les dialogues nous ancrent dans la réalité, le monde est brutal et les traits sont humains. Certaines séquences vous replongeront dans Detroit Become Human (2018) et Cyberpunk Edgerunners (2022). Les personnages sont profonds et nuancés. Ils ne sont pas bons ou mauvais. Enfin, l’aspect qui donne le plus de valeurs à Mars Express, c’est sa cohérence. L’univers dans lequel le spectateur évolue est pensé et réfléchi. Le film laisse plusieurs indices (foreshadowing) pour que nous soyons impliqués dans cette histoire. Mars Express a ses règles, et nous nous y adaptons aisément. Ils sont allés jusqu’à utiliser la 2D pour représenter les humains et la 3D pour les robots ! L’un des personnages switch entre les deux. C’est tout l’inverse de The Creator (2023) qui portait des propos à deux balles en exploitant aucun filon clair.
Mars Express nous met en garde
Les messages sont forts et résonnent avec l’actualité : IA, transhumanisme, libre arbitre, les dangers du système capitaliste néolibéral. C’est une mise en garde quant à notre avenir. Certains milliardaires, notamment Elon Musk et Jeff Bezos, veulent vivre le fantasme de ce que la SF nous a prévenus de ne pas faire. Le problème n’est pas l’existence des robots, mais de ce que le système en fait.
Les inspirations de Mars Express
La rédaction d’1 Café 2 Sucres a eu l’opportunité d’échanger avec Jérémie Périn et l’équipe de production lors de l’avant première à Strasbourg. Le réalisateur et la DA se sont tournés vers les films d’animation japonais comme Akira (1988) et Jin-Roh (1998). Ils ont confirmé avoir été guidés par Métal Hurlant, les travaux de Moebius avec l’Incal (1980) et Les Maîtres du temps (1982), et Blade Runner. Bien que similaire, la production n’a pas été influencée par Cyberpunk Edgerunners. Les deux œuvres se sont produites en parallèle. Noctis a une vision plus optimiste du cyberpunk. C’est une ville plutôt horizontale. Les habitants ne se rendent pas compte qu’ils vivent dans un système défectueux, à l’inverse de la dystopie. L’auteur citera encore Demolition Man (1993) pour ses visuels.
Comment Mars Express a été fait ?
Le projet Mars Express a duré 5 ans. Plus de 180 personnes ont travaillé dessus, répartis dans 5 studios d’animation différents : Je suis bien content, Beau et bien habillé, un studio réunionnais qui s’est occupé de la 3D, un studio à Angoulême qui s’est chargé de la 2D, et le studio strasbourgeois Amopix (on est fiers). Amopix s’est concentré sur le compositing, les fx et le son. Le compositing consiste à récupérer les travaux de toutes les sources et de les assembler. L’agence strasbourgeoise a aussi géré l’atmosphère, les flous et l’effet de caméra porté pour plus de réalisme. Ils travaillaient au rythme de 2 plans par jour pour 1 à 4 secondes par personne. Ce sont 286 plans qui ont été réalisés sur 143 jours.
Pour une séquence majeure de Mars Express, le réalisateur s’est adressé à des demomakers pour avoir une animation géométrique, complexe et calculée : pour servir le propos et le plaisir artistique.
Pour assurer sa cohérence, Jérémie Périn s’est tourné vers des experts métier : planétologues, programmeurs, designers automobile, etc.
Les voix ont été enregistrées avant d’animer les personnages. Les comédiens devaient mentaliser les scènes via les paramètres fournis par le réal.
Tous les sons et bruitages ont été créés exprès pour Mars Express.
La production a commencé en 2021 et la postproduction en 2023.
Bilan de Mars Express
Il faut voir Mars Express ! C’est français. C’est de la SF, Cyberpunk dans l’espace. C’est mature et cohérent. Le film coche toutes les cases pour être un succès. Cela fait du bien de voir des longs-métrages français qui sortent du lot et qui nous fassent autant plaisir (et réfléchir).