C’est quoi le synopsis de DogMan ?
Douglas (incarné par Caleb Landry Jones), alias DogMan, conte ses mésaventures à une psychiatre. Il évoque son enfance avec un père violent qui l’a enfermé en cage avec des chiens. Il narre ses premières pulsions amoureuses et sa passion pour Shakespear. En bref, il nous guide dans sa tortueuse vie pour comprendre comment DogMan, le marginal et meurtrier, est né.
Alors, c’est bien DogMan ?
Oui, ça fait plaisir de revoir Besson dans ses beaux jours. Après le mitigé Valérian (2017) et le catastrophique Arthur Malédiction (2022), Luc Besson nous avait proposé Anna (2019) et revient en force avec DogMan. Ce film replonge dans les débuts de l’auteur : Nikita (1990) et Léon (1994).
Les points forts de DogMan
DogMan brille par sa narration. Il use d’un principe simple : le protagoniste raconte son histoire, à l’image d’Usual Suspect (1995) et Imitation Game (2014). C’est au travers du regard de Douglas que nous allons assister à sa descente aux enfers et ses (rares) moments heureux : sa misanthropie et son amour pour les chiens, sa sensibilité pour le théâtre et la mise en scène, son penchant drag-queen, etc. Besson use à plusieurs reprises du fusil de Tchekhov pour justifier son storytelling. Certaines scènes peuvent paraître grotesques : les prestations au cabaret, l’enquête de l’assureur et l’attaque de la mafia. C’est DogMan qui nous conte ses (més)aventures, pas le réalisateur. Il fait ce qu’il veut. Il romantise à l’image de Shakespear : avoir la même voix qu’Edith Piaf, l’assureur qui connaît son destin mais plonge dans l’abîme, les mafieux qui meurent de façons humiliantes et ridicules. Le protagoniste est à la fois le personnage principal et le réalisateur. Caleb Landry Jones nous livre une superbe prestation, en étant très humain et excentrique.
L’histoire en elle-même semble à la fois anodine et fantastique. On peut croire à cette vie : celle de l’enfance terrible, des premiers amours, de la recherche d’identité. Parfois, on a l’impression de revoir Pulp Fiction (1994). On peut se prendre des balles, être blessés, subir un enchaînement d’événements alarmants mais réalistes, et avoir de véritables discussions sur le quotidien. La touche de spiritualité de DogMan, à l’image de Samuel L. Jackson, nous l’assimile à un humain comme les autres. Il n’a juste pas eu beaucoup de chance : maltraitance, handicap physique, difficulté à être accepté de l’autre, la complexité de trouver un travail, etc. “Je crois en Dieu, mais est-ce que Dieu croit en moi ?” Il y a ce brin de folie qui vient illuminer les ténèbres : les chiens. Ce sont des personnages à part entière. Ils agissent presque comme des humains : “ils ont les qualités des Hommes, sans leurs défauts”. C’est un véritable gang que Douglas a fondé. Les chiens errants sont “les enfants perdus” et le maître est Peter Pan : excentrique, marginal, fou. Les canidés apportent une dose d’empathie par leur apparence et leurs actions, là où des acteurs humains n’auraient pas forcément réussi à nous toucher avec des mots. Cette particularité ajoute un point d’originalité dans les séquences de vols et d’agressions.
La psy (incarnée par Jonica T. Gibbs) qui nous est présentée aurait pu être n’importe qui. Le hasard a fait qu’elle était prête à entendre l’histoire de Douglas, par son vécu semblable. A l’inverse de Douglas, elle a su affronter les malheurs et remonter la pente. Deux vies douloureuses qui ont abouti à deux routes bien distinctes. Elle n’est pas là pour juger ou prendre partie. Elle est seulement là pour écouter le témoignage d’un homme qui connaît son destin.
Les points faibles de DogMan
DogMan aurait gagné à s’enfoncer davantage dans son concept. Le protagoniste aspire à être très shakespearien. Besson aurait pu nous offrir de véritables tableaux de la renaissance, en jouant avec l’espace, les couleurs et la lumière. C’est un film qui mérite que l’on joue avec une colorimétrie chaude, pour aspirer à l’empathie, et froide, afin de créer un malaise, un décalage, un rappel à la réalité. DogMan est Tout public. Il aurait pu instaurer quelques scènes de violences bien placées pour appuyer ses propos et sa mise en scène, en grappillant un déconseillé au moins de 12 ans.
La dernière séquence d’action nous perd spatialement. Le montage et le rythme sont saccadés. On a du mal à se projeter dans la scène de violence. On dirait juste que chacun est dans une pièce et attend de mourir.
Enfin, DogMan essaie de transmettre un message politique sur la redistribution. Ça semble assez hors sujet compte tenu de l’aversion des Hommes du protagoniste. C’est plutôt bancal, mais comme dit plus haut, Douglas nous raconte son histoire et la justifie comme il le souhaite.
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Bilan de DogMan
Résultat satisfaisant. Le film coche toutes les cases pour être un succès. C’est un bon retour de Besson. Il aurait gagné à être encore plus en travaillant davantage la mise en scène et les couleurs, pour devenir un nouveau Joker (2019).