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Critique : Mad Max Furiosa (2024) – Ce n’est pas Fury Road

Furiosa : Une Saga Mad Max est un film post-apo, sorti le 22 mai 2024, réalisé par George Miller. Il est le préquel de Mad Max Fury Road.
Sommaire

C’est quoi le synopsis de Furiosa ?

Furiosa (incarnée par Anya Taylor-Joy et Alyla Browne) est une jeune fille vivant au sein de la Terre Verte. Lors d’une altercation avec des pillards, elle est kidnappée et livrée au Warlord Dementus (joué par Chris Hemsworth). Le seigneur de guerre veut renverser la Citadelle abondante du célèbre Immortan Joe. Le mythe de Furiosa commence ici…

Alors, c’est bien Furiosa ?

Ça fait presque 10 ans que j’attends une suite à Mad Max Fury Road (2015). Ce dernier fait partie de mes films favoris tant dans la puissance visuelle, l’explosivité sonore et la narration discrète. Le légendaire Max (joué par Tom Hardry et anciennement par Mel Gibson) laissait de la place à l’autre protagoniste : Furiosa (incarnée par Charlize Theron). L’alchimie fonctionnait à merveille. Fury Road est un spectacle grandiose. Et de toute évidence, son successeur subira la comparaison.

Furiosa : une Saga Mad Max agit comme un préquel à ce voyage épique. Il devait encenser la réputation de l’Imperator : Comment cette personnalité a évolué au sein de la Citadelle ? Quels sacrifices a-t-elle dû faire ? Et surtout, comment rendre cette ascension remarquable ?

A mon grand regret, le film Furiosa n’arrive pas à répondre correctement à toutes ces questions qui planent sur la figure emblématique du personnage éponyme. Il y a un sérieux problème dans le rythme et le découpage narratif. La première heure des 2h30 de film, on suit la protagoniste lorsqu’elle est enfant. Et j’ose le dire : on s’ennuie. Cela permet de mettre en exergue le caractère extravagant de Dementus. Sauf que l’intérêt pour lui n’existe qu’à travers son acteur. 

C’est seulement lorsque Furiosa atteint l’âge adulte qu’on commence à profiter de séquences d’action riches et originales. On assiste à des affrontements aériens qui sont géniaux ! Et plus tard, à l’attaque d’un convoi blindé dans l’une des cités. Des bonnes idées, il y en a un paquet. Quelques bizarreries sont aussi présentes (aïe les tétons). C’est bien réalisé dans l’ensemble. L’image arrive à trouver un chemin esthétique dans la corruption, comme dans Fury Road

On sent qu’il y a une volonté de confondre Tom Hardy et Anya Taylor-Joy : personnage renfermé sur lui, muet, intrépide, compétent et débrouillard. Pourquoi ne pas en avoir profité pour chercher plus loin et en profondeur pour construire un protagoniste à part entière ? C’est dommage et cela gâche le potentiel établit. Oui, ils se ressemblent, mais ça ne doit pas les contraindre à être identiques. D’autant qu’Anya Taylor-Joy dégage une énergie remarquable. Je tiens également à souligner la ressemblance éclatante entre la Furiosa enfant et adulte. Alyla Browne joue plutôt bien !

Le scénario est trop étiré et on ne prend jamais le temps de véritablement s’immerger dans une période. L’histoire est scindée en 5 parties sur les 2h30 : 30 minutes par partie (bravo vous êtes fort en maths). Je ne comprends pas ce découpage qui dessert tout l’intérêt de la frénésie Mad Max. C’est frustrant de ne pas pouvoir en profiter pleinement.

Les deux pires trahisons résident dans le manque cruel d’exposition de gros bolides qui se mettent sur la gueule et la discrétion de la musique. Visuellement, c’est Mad Max. Mais, son énergie en est dépourvue. C’est une longue marche dans le désert. Paye ton Mad Marche : Ennui Furieux.

Comment Furiosa aurait pu être mieux ?

  • Un découpage narratif mieux rythmé : La construction chronologique découpée en acte a anéanti le rythme. Il aurait été préférable d’entrer dans le vif du sujet avec une Furiosa adulte, avec des flashbacks de son enfance difficile. On doit sentir la personnalité de la protagoniste qui devient celle qu’on connaît dans Fury Road.
  • Une histoire plus prenante : Dementus n’est pas inintéressant mais son traitement est sous-exploité. En se cantonnant à un enjeu simple et clair, le spectateur serait davantage immergé. D’autant plus qu’il est plus facile d’enrichir une période définie que toute une vie. On pourrait prendre la dernière heure de Furiosa, l’améliorer et en faire un film complet. Tout ce qui est intéressant arrive trop tardivement. Ils ont quand même osé mettre à l’image « la Guerre des 40 jours de Désolation » sous forme de diapo expédié en 1 minute par une vieille tirade.
  • Une musique qui arrache : J’adore la BO de Fury Road composée par Junkie XL. Il y a tellement de pistes qui sont puissantes et cultes. Là où Furiosa a manqué complètement le coche. Notre cher compositeur a aussi travaillé récemment sur plusieurs projets qui ont fait naufrage : Rebel Moon, Skulls & Bones, Terminator Dark Fate. Malheureusement, j’ai l’impression que leur réputation a déteint sur la soundtrack du film. Il aurait fallu envoyer du punch et de l’émotion pour qu’on se souvienne des séquences de Furiosa !

C’est quoi le message de Furiosa ?

Les personnes qui ont le pouvoir sont capricieuses. Dementus est le représentant ultime de ce vice. C’est un enfant extravagant et ridicule, qui est à la tête d’une troupe de chiens enragés. Là où Immortan Joe est idolâtré par ses Warboys, avec un véritable culte de la personnalité. Ils sont tous capables de se sacrifier pour rejoindre le Valhalla. En clair, ce ne sont jamais ceux qui veulent se tuer qui se battent, mais bien leurs hommes qui s’entretuent. Le message résonne avec l’actualité : pourquoi laisser mourir des êtres humains au nom d’idées probablement capricieuses ?

Le parallèle entre Dementus et Furiosa est maladroit. En effet, ils ont tous les deux vécu une enfance difficile. Sauf qu’en fait, on est dans Mad Max. Tout le monde survit dans la douleur et la souffrance.

Bilan de Furiosa

“Auras-tu ce qu’il faut pour devenir un mythe ?” Malheureusement, non. Grand prétendant au titre du meilleur film de l’année 2024, Furiosa ne répond pas aux attentes. Il souffre de la comparaison avec son prédécesseur Fury Road. Ce qui rend encore plus fou, c’est que c’est pratiquement la même équipe qui a travaillé sur le projet. Son cousin du désert Dune Partie 2 a réussi à tirer son épingle du jeu avec son premier volet. C’est bien d’être beau visuellement, encore faut-il offrir des émotions et une histoire qui tient la route.