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Critique : Rosalie (2024) – un film au poil

Rosalie est un drame français, sorti le 10 avril 2024, réalisé par Stéphanie Di Giusto.
Sommaire

C’est quoi le synopsis de Rosalie ?

Rosalie (incarnée par Nadia Tereszkiewicz) est une jeune femme prête à se marier. Son père la promet à Abel (joué par Benoît Magimel), un tenancier de café ayant fait la guerre franco-prusse. Rosalie cache un secret. Son visage et son corps sont recouverts de poils : elle est une femme à barbe. Abel s’engage auprès d’elle dans l’ignorance… 

Alors, c’est bien Rosalie ?

Rosalie est un bon film. La réalisation est soignée. Les décors, les costumes et le maquillage nous immergent pleinement dans l’histoire. La barbe et les poils sont crédibles à l’écran ; il paraît qu’il fallait 4 heures pour poser les poils une par une sur le corps de Nadia. Le film interroge sur la question de la féminité et de la différence. Être un cas à part et ne pas correspondre aux normes bousculent le quotidien. Rosalie et Abel vivent dans un village ouvrier plutôt sobre. L’arrivée et la révélation de cette femme à barbe intriguent, amusent ou effraient. La jeune femme assume sa curiosité et en joue pour faire venir les clients dans le café. Il y a un côté marketing et disruptif. De plus, Rosalie n’est pas juste un visage particulier. Elle est une épouse bien élevée, intelligente, attentionnée et maligne ; elle compense. Malheureusement, ce succès finit par lui jouer des tours. La communauté propage des rumeurs par jalousie. Il y a un jugement constant, qui est appuyé par l’absence de communication et le manque d’ouverture d’esprit.

Rosalie et Abel : deux personnages brisés

La relation des deux mariĂ©s tĂ©moigne d’une souffrance passĂ©e. Abel a souffert de l’humiliation de la guerre en 1870. Son dos est fracturĂ©. On sent que c’est un homme qui a vu tellement d’horreur, qu’il voudrait se reconstruire dans le calme et la sĂ©rĂ©nitĂ©. Ce n’est pas anodin qu’il pratique la taxidermie ; finalement c’est peut-ĂŞtre pour se rafistoler lui-mĂŞme ? A l’inverse, Rosalie s’est toujours cachĂ©e. Elle souhaite ĂŞtre elle-mĂŞme, s’Ă©panouir et ĂŞtre aimĂ©e. Si la communautĂ© la voit comme une bĂŞte de foire, grand bien leur fasse. C’est surtout auprès de son mari qu’elle veut ĂŞtre acceptĂ©e. Elle est un rayon de soleil qui chasse le ciel gris des ouvriers. 

C’est un film avec peu de dialogues qui joue avec les silences. La communication non-verbale rythme les moments intimes : un regard, un toucher, une respiration. Abel n’arrive pas à assumer la particularité de sa femme. Il craint pour sa réputation. Il ne veut pas être à nouveau humilié. La force de volonté de Rosalie le touche. Les efforts sont plus importants que les apparences. L’amour serait plus fort que la vie et la mort ?

Pour l’anecdote, afin de créer un sentiment de tension et de distance, les acteurs Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel ne se sont rencontrés que lors du tournage. Rosalie est inspirée de Clémentine Delait, une femme à barbe et tenancière d’un bar dans les Vosges. 

Bilan de Rosalie

Rosalie est un film plaisant. Son aspect historique et ses thématiques sont travaillés avec minutie. C’est agréable de voir que le cinéma français porte de beaux espoirs ; c’est le second film de Stéphanie Di Giusto. Le film a beaucoup de similarité avec le drame polonais La jeune fille et les paysans.