C’est quoi le synopsis de Pauvres Créatures ?
Bella (jouée par Emma Stone) est une jeune femme retardée mentalement. Elle est sous la tutelle du Dr Godwin Baxter (incarné par Willem Dafoe) qui l’observe assidûment. Après plusieurs années à ses côtés, elle n’a qu’un souhait : vivre des expériences et découvrir le monde !
Alors, c’est bien Pauvres Créatures ?
Pauvres Créatures est fascinant. Bella est une parfaite Candide. Elle est franche et n’a pas de préjugés. La frontière est fine entre l’animal et l’humain. Il y a une vision freudienne du ça, moi et surmoi. La protagoniste va évoluer entre tous ses états : elle va d’abord suivre ses pulsions (aussi primitives soient-elles) pour converger vers la raison. Il ne faut pas chercher une quelconque morale, on s’en fout. Pauvres Créatures est une expérience, un exercice de pensée ancré dans le réel. Nous explorons l’ensemble du spectre humain : le rapport à soi, aux autres, au sexe (beaucoup au sexe), à l’argent, à la justice, à la science, à la religion, etc. Ce qui nous mène au point central : le libre arbitre. Qu’on le veuille ou non, nous existons. Par notre existence, nous sommes amenés à mener une vie pleine d’histoires et de rebondissements. Nous décidons de nos choix et devons en assumer la responsabilité.
Le propos du film est servi par sa forme, soigneusement travaillée et poussée à l’extrême. Le spectateur est plongé dans une époque victorienne occidentale semblable au steampunk. Les décors et les costumes sont d’une qualité époustouflante (prends-en de la graine Wonka). Les acteurs, notamment Emma Stone, Willem Dafoe et Mark Ruffalo, ont réalisé une performance grandiose. A mon sens, c’est la meilleure interprétation de l’actrice. Elle arrive à jouer une parfaite ignorante qui découvre la violente réalité. C’est du pain béni ! Chaque ligne de dialogues correspond à la séquence et à l’évolution du narratif. On rit des situations tant elles percutent avec le réel. Bella dicte des vérités et des non-sens que nous employons au quotidien dans nos relations sociales.
La réalisation est au poil. On va switcher du noir et blanc vers la couleur, qui marque la fin de l’innocence et le début de la (vraie) vie. Le monde n’est pas blanc ou noir, il est nuancé et passionnant. Le réalisateur emploie souvent des fish-eyes (ou grand angle) qui provoquent un sentiment de gêne et de voyeurisme chez le spectateur. Il nous met en défaut en confirmant les vices du genre humain. La musique s’accorde avec l’état d’esprit de Bella. Sans un mot, nous comprenons les intentions.
Bilan de Pauvres Créatures
Pauvres Créatures démarre 2024 en beauté ! Le film est complet. Il est un voyage amusant qui amène à la réflexion. C’est mature, innocent et ancré dans le réel. Il se rapproche de Forrest Gump (1994). C’est un must qui finira dans le Top 10 des films de 2024 ! Je vous déconseille fortement d’emmener des enfants. Il y a beaucoup de scènes de sexe très explicites et des séquences sanglantes.