C’est quoi le synopsis de Megalopolis ?
César Catilina (joué par Adam Driver) est un architecte de génie dans la cité de New Rome. Il a un pouvoir exceptionnel : il peut altérer le temps. Le maire Franck Cicéron (incarné par Giancarlo Esposito) s’oppose à toutes ses initiatives pour faire évoluer la ville. Tout ce remue-méninge est médiatisé et les opportunistes en profitent. Julia Cicéron (jouée par Nathalie Emmanuel), la fille du maire, rejoint César pour réaliser son idéal fou : fonder Megalopolis…
Alors, c’est bien Megalopolis ?
Megalopolis est un film riche en symboles. Ce n’est pas anodin que Coppola ait allié la Rome Antique au XXIe siècle. L’empire romain n’a jamais réellement disparu, il continue de mourir à petit feu (ou presque). La réalisation est d’une maîtrise extrême. L’esthétique et la photographie sont recherchées, mettant en avant les couleurs propres à l’Antiquité. Les costumes, le maquillage, les décors et le jeu d’acteurs sont cohérents et percutants. Le montage et le rythme arrivent à nous surprendre et à nous questionner. Le sound design est travaillé soigneusement. Quant à la musique, elle se fait relativement discrète.
L’histoire de Megalopolis prend le spectateur au dépourvu. Il y a de nombreuses séquences confuses qui demandent de la réflexion à postériori. On se sent dépassé par les événements. Les dialogues et les actions font écho à l’Histoire et la littérature des grands penseurs de l’Antiquité. Le film se démarque comme un péplum d’anticipation. Certaines scènes font même écho à l’actualité très récente aux États-Unis. Les acteurs sont convaincants et prennent à cœur l’aspect théâtrale du long-métrage. La prestation de Shia LaBeouf, comme Clodio, est jubilatoire.
C’est quoi le message de Megalopolis ?
Megalopolis offre plusieurs interprétations et messages au cours de son récit. Les personnages exposés sont repris pour la plupart de l’ascension et du règne de Jules César, l’influence de Cicéron et les tapages de Clodius. Ces antiques personnages sont amenés dans un setting contemporain.
César Catilina incarne la figure libérale. Il est un entrepreneur qui a réussi en usant du système et à s’en extirper (plus ou moins). C’est un homme libre.
Franck Cicéron se présente comme son antagoniste par défaut qui est piégé dans le système, mais qui en joue pour s’élever et rejeter les malheurs de New Rome sur César. C’est un politique connaît le système, qui s’est convaincu de ses propres mensonges.
Clodio, le cousin de Catilina, est l’opportuniste qui se sert de la colère du peuple pour accéder au pouvoir. Il crache sur tout ce qui a été bâti, et reste sur ses acquis. Il est l’homme faible sans principe et sans mérite, guidé par ses pulsions.
Wow, la journaliste tendance, saisit également les opportunités pour rester au sommet en manipulant les hommes. Elle représente la presse qui manigance avec la haute sphère.
Enfin, Julia prend conscience de l’amertume du système et souhaite s’en extirper en rejoignant César. C’est à travers elle que le spectateur s’identifie.
Le temps est mis au centre de l’œuvre. Coppola essaie de nous faire comprendre que l’Homme est soumis par le temps, car le système l’a soumis. Notre vie quotidienne est chronométrée. Le personnage de César s’est détaché de la société en croyant en un rêve plus grand. En étant libre, le temps n’est qu’un paramètre ; c’est ainsi qu’il a réussi à le maîtriser. La vision d’un avenir meilleur est un moteur pour avancer. “Marc Aurèle avait un rêve, et ce rêve s’appelait Rome”. Marc Aurèle et d’autres philosophes sont souvent cités. Ils sont des figures du mouvement stoïcien qui a permis à Rome de prospérer. Le Mégalon, le matériau que l’on découvre au début du film, est une représentation matérielle du rêve et de l’idéal. Il faut y croire pour que ça fonctionne. On retrouve Lawrence Fishburn comme un Morpheus à la retraite. Il sait ce qu’il en coûte de changer le monde.
On peut également évoquer la perte de l’être cher. Coppola a perdu sa femme, et lui a dédié le film. A 85 ans, le réalisateur a beaucoup à dire sur le passage du temps.
Bilan de Megalopolis
C’est visuellement très réussi et accessible, là où le récit est davantage nébuleux. Megalopolis est un film qui demande de l’effort au spectateur afin de l’apprécier pleinement. Il emprunte des chemins sinueux qui peuvent nous perdre.